Titre : Canicule et connivence – chronique d’une suffocation nationale où l’air est chaud et la bêtise encore plus dense.
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J’écris ces lignes le front ruisselant, le short collé au cuir, dans un appartement transformé en hammam par la seule grâce de notre gouvernance éclairée. La France étouffe, mes bons amis. Elle transpire, elle suinte, elle poêle comme un steak oublié sur la plancha de Grospierres – 40,9 °C au thermomètre, les cigales demandent l’asile climatique en Norvège.
Pendant ce temps, sur les bancs d’un pouvoir torpide et climatisé, nos élites s’éventent avec des rapports du GIEC pliés en cocotte. L’urgence ? Une notion trop abstraite pour un gouvernement qui croit qu’adapter, c’est faire fermer les écoles à 11 h et demander aux vieux de boire de l’eau.
Mais venons-en au cœur du malaise : pendant que la planète brûle, que l’Europe bronze en mode fournaise, on nous ressert l’éternel plat tiède de la « croissance verte », arrosé d’un trait de « pragmatisme républicain ». La voiture thermique continue à rouler pépère, les primes écolo sont sabrées à la tronçonneuse, et les zones à faibles émissions sont repeintes en zones à haut potentiel électoral. Bravo. Mille sabords de panique thermique, c’est toute une classe politique qui danse la bourrée sur une nappe phréatique vide !
Et les autres ? Les grands poètes de l’ignorance ? Les climato-camoufleurs en costard réac ? Ah ceux-là… Ils pullulent sur les plateaux, éructent dans les hémicycles et vomissent leur science de comptoir sur les réseaux. Vous les reconnaîtrez facilement : ils ont la nuque raide, la cervelle climatisée et la bouche pleine de mots comme « wokisme climatique », « dictature verte » ou « ruine écologique orchestrée par les gauchistes qui détestent les SUV ». En réalité, ils sont surtout spécialistes en thermonégation, petits soldats de l’inaction, généraux du renoncement et bardés de certitudes fossiles.
Il faut les voir ces Attila du baromètre, ces Duplomb au front bas, voter des lois comme on repeint les murs d’un hôpital en flammes : en niant que le feu est déjà là. La Terre se réchauffe ? Bah, un peu d’huile sur le feu et un barbecue pour les électeurs. Les enfants crèveront plus tard – mais au moins en charentaises françaises, madame.
Et pendant qu’on cause canicule, les mômes des quartiers populaires dorment dans des étuves, les vieux claquent sous les toits mal isolés, et les patrons de la FNSEA veulent repeindre le désert en vert avec de l’azote chimique et un sourire de lobbyiste. La justice thermique ? Un mot d’intello. La sobriété ? Un mot de pauvre. Le bon sens paysan ? Une usine à bitumer la campagne. Et toi, citoyen inquiet, tu regardes ton thermostat comme on regarde une guillotine moderne : le couperet descend, et on attend que ça passe.
Mais il ne passera rien. Le pire, voyez-vous, c’est qu’on ne crève même plus de surprise. On suffoque dans l’indifférence polie des plans nationaux au rabais. On crame sous les mantras de l’adaptation lente. On meurt à petit feu d’un excès d’atermoiement.
Alors oui, je le dis avec tout le fiel d’un thermomètre cassé : l’inaction est un crime, et ceux qui la justifient sont ses complices. Pire que des incompétents, ce sont des lâches. Des pompiers pyromanes aux gants blancs. Et la France, ce vieux corps épuisé, mérite mieux que des charlatans en cravate et des camelots de l’ordre naturel.
Quand il fera 50 à l’ombre et que les ministres auront fondu dans leur propre graisse, peut-être se souviendra-t-on que le climat ne vote pas, mais qu’il sanctionne. Pas dans les urnes : dans les poumons.
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Encore un dernier pour une chronique en sueur, ou un dernier soupir collectif sous le parasol de la République carbonisée.
Guy Masavi
