De LA Haine AU CRIME RACISTE : L’impact de la préférence nationale

Ce n’est pas eux, voyons.
Jamais eux.
Quand ça tue, quand ça déborde, quand ça pue le sang et la haine mal dosée, ils lèvent les mains bien haut, manucure parfaite, regard de vierge offensée :
— “Ce n’est pas ce qu’on voulait dire.”
— “Il a mal compris.”
— “Ce n’était qu’une préférence. Pas un permis.”
Car c’est là le cœur de leur défense : la préférence nationale.
Un mot comme une pastille à la menthe : ça se suce poliment, ça rafraîchit le discours, ça laisse croire qu’on a bon goût.
Mais dedans, c’est du cyanure coulé dans le sucre.
Pas d’exclusion, voyons, juste une petite priorité couleur locale.
Comme une promo réservée aux clients fidèles : France d’abord, les autres derrière le rideau.
Et quand un type comme Christophe Belgembe pousse la logique au bout du fusil, quand la “préférence” devient “élimination”,
le RN s’étonne :
— “Mais pourquoi vous êtes passés à l’acte ? On vous avait dit de voter, pas de tirer.”

« Mais non voyons, c’est pas nous » – Le RN et la légende de la préférence sans conséquences
par Guy Masavi


Un slogan comme allume-barbecue
La préférence nationale, c’est le Zippo de la haine.
Une phrase anodine, apparemment.
Mais répétée, martelée, mise en scène sur tous les plateaux.
Et elle chauffe. Elle chauffe fort.
Elle chauffe les esprits, les frustrés, les solitaires sous testostérone.
Elle chauffe les vieux, les jeunes, les chasseurs de fantasmes, les chasseurs tout court.
Elle chauffe jusqu’au déclic.
Et le RN ?
Il regarde l’incendie et dit que ce n’est pas son briquet.
Il joue les pyromanes écolos :

“On voulait juste rallumer la flamme patriotique.”

Belgembe n’était pas un monstre sorti de nulle part.
Il était un bon élève.
Un lecteur attentif.
Il avait bien compris les règles du jeu :
— eux d’abord
— les autres, peut-être
— et parfois, pas du tout
Il a lu Collard.
Il a écouté Gollnisch.
Il a liké Zemmour et voté pour Marine et Jordan.
Il a cliqué, partagé, commenté. Puis il a rechargé.
Et il a tiré sur un Arabe.
Pas au hasard.
Dans une France où “préférer les siens” est devenu un programme politique,
certains traduisent mal ou trop bien.

Préférer, c’est déjà exclure.
Le RN fait mine de découvrir que le mot préférence a un revers.
Celui qu’on imprime au plomb.
Celui qui tombe, un soir, dans une rue du Var, sans raison,
sauf celle d’être là.
Sauf celle d’être arabe.
Et pendant ce temps, Marine hausse les sourcils.
Jordan s’indigne, très proprement.
Les communicants épongent les groupes Facebook.
Mais la chanson reste la même :
La France d’abord. Les autres… on verra.

Et comme si la préférence nationale ne suffisait pas,
voilà qu’on ajoute la sauce piquante de l’époque :
la peur migratoire.
Le délire d’un remplacement démographique, sauce YouTube.
Diffusé par un RN grand influenceur d’une droite « républicaine » en mal d’idées musclées.
Le fantasme d’un envahissement par bateaux, poussettes et barbes suspectes.
Un cauchemar en boucle CNEWS, où chaque migrant devient soldat de l’islamisme, dealer en devenir, ou parasite.
Qu’un ministre de l’intérieur bigot et un autre de la justice à peine moins, en quête de valeurs civilisatrices comme scotchés sur TikTok fasse leurs cette soupe xénophobe,
Faut pas s’étonner alors qu’un cerveau mal fermé comme Belgembe absorbe ça,
comme une éponge imbibée d’acide et se croit missionné.
Missionné pour rétablir l’équilibre.
Pour rappeler qui est “chez lui”.
Pour remettre la préférence dans l’ordre naturel des choses :
Nous debout. Les autres à terre.

Et donc ?
Christophe Belgembe n’était pas un accident.
C’était un produit dérivé.
Comme une pub qui tourne en boucle,
jusqu’à ce qu’un esprit faible se prenne pour le héros du spot.
Et passe à l’acte.

Le RN ? Il vend un monde à deux vitesses.
Avec des Français de souche sur autoroute, et les autres sur la bande d’arrêt d’urgence.
Et quand un fan décide de balancer quelqu’un sous les roues, le RN déclare :
— “Ce n’est pas ce qu’on voulait dire.”
Mais c’est ce qu’on répète.
Ce qu’on vote.
Ce qu’on impose.
Et ce qu’on compte bien appliquer si l’occasion se présente.
À force de préférer, on finit toujours par rejeter.
À force de rejeter, il y a des corps qu’on ramasse.
Et des préférences qui puent.

https://www.atramenta.net/authors/guy-masavi/1981

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