Bardella en Corse : naufrage du petit con de service idole nouvelle de la France rance.
par Guy Masavi
AJACCIO. Une librairie. Un après-midi ensoleillé. Et au fond, dans un coin, un jeune homme visiblement convaincu d’incarner l’avenir de la France, assis comme s’il attendait qu’on lui serve son biberon. Bardella, en tournée promotionnelle. Pas pour des idées, non. Pour un livre.
Bardella en dédicace.
C’est déjà un sketch…
Enfin, un livre… une sorte de cahier de vacances idéologique, plein de mots savants mal digérés, de paragraphes auto-admiratifs et de photos de lui avec un regard concerné.
La scène a tout du vaudeville : un candidat à la présidence qui vend son autobiographie avant même d’avoir fini sa puberté politique. Il sourit, il signe, il répète ses formules. Et il attend, tel un saint en carton-pâte, qu’on vienne communier avec sa grandeur. C’est dire si ça sent la pensée profonde.
Et puis soudain, le grain de sable. Le journaliste. Corse, donc déjà louche pour Bardella, qui préfère les journalistes en gants blancs et en laisse. Et le type lui balance une vraie question. Pas une friandise médiatique. Non. Une question avec des mots et des chiffres.
Le con se tend, le piège se referme.
« La population corse a augmenté de 54 % en cinquante ans, principalement à cause des flux migratoires. Vous qui parlez de “grand remplacement”, qu’en pensez-vous ? »
Là, Bardella se redresse. Il croit avoir compris. Ça y est. Il voit déjà l’occasion de sortir son couplet habituel : invasion, identité, frontières, drapeau, Marseillaise à la cantine et interdiction des prénoms qui piquent. Il se lance, tout fier, comme un cabri qui saute dans une flaque en pensant que c’est un lac.
Et il déroule. Le disque est bien rôdé :
menace, culture en danger, assimilation impossible, corsitude en péril.
Mais là, petite précision perfide du journaliste :
« Je parlais des flux venus du continent. »
Silence.
Bardella cligne des yeux. L’air vide. Comme un pigeon qui regarde un panneau de sens interdit.
Le logiciel plante.
Le cerveau cherche le bouton « réinitialiser la France ».
Et là, ça devient magnifique : le néant prend la parole.
Quand la carte de France devient un labyrinthe
Alors il tente de rattraper le coup, en mode professeur Tournesol sous anxiolytiques :
« L’immigration, ce sont des flux extérieurs à la nation française. Et je ne considère pas la Corse comme un territoire extra-national. »
Merci Jordan. Grâce à toi, la Corse reste française.
On est rassurés.
Tu viens d’éviter un incident diplomatique avec Ajaccio.
Mais au passage, tu viens surtout de démontrer que tu ne comprends rien à ce que tu dis.
Parce qu’évidemment, ce ne sont pas les Maliens qui envahissent la Balagne,
mais bien des retraités d’Île-de-France, qui achètent à prix d’or des maisons de village qu’ils repeignent en gris taupe.
Ceux-là, visiblement, ne comptent pas dans ton “remplacement”.
Parce qu’ils sentent la lavande, pas le cumin.
Quand l’argument fout le camp, balance la question à l’autre
Bardella, acculé, lance un dernier souffle verbal :
« Mais vous, vous voulez rétablir des frontières ? »
On dirait un gosse surpris la main dans le pot de confiture qui demande si les autres en ont pris aussi.
C’est ridicule.
C’est pathétique.
C’est Bardella.
Le journaliste, lui, l’achève d’un calme olympien :
« Moi, non. »
Et là, fin de partie.
Le regard dans le vide, le torse qui se dégonfle, Bardella retourne s’asseoir dans son plastique électoral, laissant flotter autour de lui cette odeur étrange : celle du ridicule froid.
Le con structuré, modèle RN
Il faut dire que Bardella n’est pas un idiot improvisé.
C’est un idiot formé.
Un idiot construit.
Un idiot entraîné à réciter, à poser, à vendre.
Une machine à slogans. Une fabrique de vide.
Derrière ses phrases calibrées, il n’y a rien. Pas un gramme de réflexion. Pas une étincelle de compréhension.
Il ne comprend ni la Corse, ni les Corses.
Ni la migration, ni les migrations.
Ni l’histoire, ni la géographie.
Mais il est persuadé d’avoir un avis sur tout.
Et c’est peut-être ça, le plus terrifiant : il est sûr de lui.
Comme tous les cons qui montent.
Et pourtant, ce mec-là pourrait devenir président.
On aura tout vu.
Un mec qui confond migration intérieure et complot civilisationnel.
Un mec qui croit que déménager à Ajaccio, c’est trahir la nation.
Un mec qui découvre en 2025 que la France a plusieurs régions.
Et que des Français peuvent bouger sans passeport.
À ce rythme-là, on finira par devoir expliquer à Bardella que la Martinique, ce n’est pas un pays.
Et que les Alsaciens n’ont pas besoin de visa pour aller à Toulouse.
Mais bon. D’ici là, il aura sans doute nommé Pascal Praud ministre de l’Éducation,
et désigné Hanouna comme ambassadeur de la culture française.
Et pendant ce temps, en Corse, on continue de se demander :
« Sérieusement, c’est ça leur champion ? »
