La Haine Politique au Cœur des Meurtres racistes

Un meutre raciste dans le Var point d’orgue de semaines de stigmatisation islamophobe, des Barbares aux champs Elysées, à la cinquième colonne des frères Musulmans en passant par le voile islamique. Merci Mr Retailleau…


Ils n’avaient rien vu venir.
Ni Pharos, ni la préfecture, ni les services de renseignement. Rien. Un type bardé d’armes, vomissant sa haine en ligne, prêt à faire « un petit carton » dès qu’il sort de chez lui, ça n’avait pas l’air assez suspect. Pas de quoi gratter un signalement.
Mais nous, on l’avait entendu depuis longtemps, ce bruit-là. Ce murmure rauque qui monte en volume, jusqu’à devenir slogan. Ce racisme qui se dit sans filtre, qui se poste en story, qui se partage en likes, et qui se transforme un jour en tir réel. On l’avait entendu, ce barbare, répété comme un mantra par le ministre de l’intérieur lui-même.
Bruno Retailleau, l’homme aux mots qui tuent à distance.


C’est que le mot a fait son chemin. À force d’être martelé, barbare n’est plus un adjectif, c’est un verdict. Une autorisation implicite. Une mise au ban. Les « barbares » de Retailleau, ce sont ceux dont la couleur de peau, la religion, le prénom ou l’adresse suffisent à faire d’eux des ennemis de l’intérieur. Ce sont ceux à qui l’on attribue les maux du pays. Ceux dont l’existence même est présentée comme une provocation.
Et voilà comment, un soir dans le Var, un homme est sorti de chez lui avec l’envie de nettoyer.


Mais qui lui a fourni les cartouches idéologiques ? Qui, si ce n’est une classe politique qui n’a cessé de délégitimer les musulmans, de fantasmer des « Frères musulmans infiltrés partout », de crier à l’islamogauchisme en salle des profs et de traquer le voile jusque dans les aires de jeux ?
Qui, sinon ces députés RN membres de groupes Facebook où l’on propose des battues dans les cités et où personne – non, personne – ne lève le doigt pour dire « stop » ?
Qui, sinon ceux qui ont autorisé un défilé néonazi dans les rues de Paris pendant que des militants antiracistes, eux, se faisaient dissoudre ?


Hichem Miraoui n’est pas tombé sous les balles d’un fou solitaire. Il a été tué par l’atmosphère. Par ce climat de guerre larvée qu’alimente jour après jour un discours politique saturé de haine, de peurs instrumentalisées et de glissements sémantiques.
Il n’a pas été victime d’une folie isolée, mais d’un projet cohérent : celui qui banalise les fantasmes de guerre civile, qui désigne des boucs émissaires, qui recycle la vieille haine coloniale dans des costumes de dignité républicaine.


Retailleau peut bien pleurer aujourd’hui un crime insupportable. Le mot sonne creux. Il a trop crié barbare, trop hurlé à l’insécurité, trop joué avec les allumettes sur un tas d’essence.
Quand on laboure la haine, on récolte des fusillades.
Quand on dit bicot dans les couloirs de l’Assemblée, Frères musulmans sur les plateaux télé, barbares dans les préfectures, islamisation rampante dans les notes blanches du ministère, il ne faut pas s’étonner que certains passent à l’acte.
Il suffit d’un Christophe Belgembe pour que les paroles deviennent balles.


La haine tue.
Elle ne tombe pas du ciel.
Elle vient d’un terreau nourri d’hypocrisie, de silences lâches, et de stigmatisations quotidiennes.
Et cette fois, le terroriste n’avait pas de barbe.
Il avait un drapeau tricolore et un compte Facebook.
Et il votait RN.
À ce train là viendra le tour d’autres têtes de turcs brandies et à abattre.
À quand le tour des prétendus islamo-gauchiste et des « wokes »?
Ne riez pas les cibles sont posées et il ne manque pas d’imbéciles amoureux d’armes de toutes catégories aux crânes rasés comme à Alès.


🕯 Pour Hichem Miraoui…

https://www.atramenta.net/authors/guy-masavi/1981

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