L’Illusion de la Gloire: Les Coûts Cachés de la Victoire du PSG

Il y avait du bruit, des drapeaux, des cris d’extase, des bouches grandes ouvertes, des klaxons hystériques, des torches allumées comme pour un 14 juillet en avance. Paris, ville-lumière ?

Non. Paris, ville-croupière, qui célèbre un jackpot géopolitique emballé dans un maillot bleu et rouge. Le PSG a gagné. Ou plutôt, le Qatar a gagné à travers lui. Et la foule, ivre de joie, n’a rien vu passer. Elle a fêté son propre effacement, son propre rachat. Car ce n’est pas un club qui a triomphé ce 31 mai 2025. C’est un émirat, riche à faire rougir Wall Street, qui a raflé la mise. Et la foule a crié merci.
Car derrière ce 5-0 historique, il n’y a pas qu’un ballon, des passes et des buts. Il y a des milliards. Des milliards d’euros injectés depuis 2011 par un petit État autoritaire perché sur ses réserves de gaz comme un dragon sur son tas d’or.
Un État où l’homosexualité est un crime, où la charia est loi, où les femmes n’ont de droits que ceux que l’émir tolère, et où les travailleurs étrangers meurent sur des chantiers sans que personne n’en rende vraiment compte.
Un État qui a acheté un club, mais surtout une vitrine. Une vitrine pour se faire aimer, pour se rendre fréquentable, pour se donner un visage souriant sur la scène internationale.
Ça s’appelle le « soft power ». C’est quand on n’a pas besoin d’envahir un pays parce qu’on achète son cœur à coup de trophées et de stars.
Le PSG, ce n’est plus un club de quartier, ce n’est plus la fierté populaire du Parc des Princes. C’est un produit de luxe. Une vitrine à trophées commanditée par le Qatar Investment Authority, le fonds souverain qatari. Et tout a été pensé :
– On a investi dans les plus grands joueurs, souvent en fin de course, pour faire parler,
– On a fait revenir les supporters ultras pour avoir une ambiance plus « authentique »,
– On a verrouillé les abonnements pour que les places se vendent plus cher,
– Et on a tout fait pour remporter la Ligue des champions, le graal marketing du foot mondial.
Cette victoire n’est pas un miracle sportif. Elle est le résultat d’un plan. D’un investissement. D’un empire.
Et les supporters, dans les rues, n’applaudissent pas une bande de gamins de banlieue qui ont triomphé à la loyale. Ils acclament une armée de mercenaires brillamment coachée, financée, structurée par un État qui avait un objectif clair : s’offrir la légitimité internationale.
C’est ça, la logique du « sport-washing ». Tu blanchis ton image au savon de la Coupe. Tu fais oublier que chez toi, on emprisonne les syndicalistes, les journalistes, les homosexuels. Tu fais oublier que ton argent vient de la surexploitation des ressources fossiles. Tu fais oublier que tu n’es pas une démocratie. Tu achètes des clubs, des télés (beIN Sports), des compétitions (la Coupe du monde 2022), et tu deviens fréquentable. Tu deviens incontournable.
Tu deviens intouchable.
Et la France, dans tout ça ? Elle a ouvert grand les bras.
Grâce à Sarkozy, grand fan du PSG, le Qatar a eu droit à un traitement de faveur :
– Exonérations fiscales sur l’immobilier,
– Accès au capital des grands groupes français,
– Soutien au rachat du club,
– Et aujourd’hui encore, une justice molle sur les nombreux soupçons de corruption qui entourent le PSG : travail dissimulé, contournement du fair-play financier, faveurs fiscales possibles.
Même Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, serait concerné par certaines décisions avantageuses.
Tout le monde ferme les yeux, parce que le PSG fait gagner de l’image.
Et dans cette euphorie nationale, personne ne voit que le reste du football français se meurt.
Les petits clubs galèrent à survivre. Les diffuseurs se retirent. Les stades sont à moitié vides.
Le PSG, avec ses moyens illimités, fausse le jeu. Il n’est plus un concurrent, c’est un ogre.
Les règles économiques ? Contournées. Les déficits ? Épongés par Doha.
Le fair-play financier ? Une blague, dès lors qu’on a un État derrière soi.
Alors oui, les maillots bleu et rouge dans les rues, les sourires de gamins à Nation, les chants à Bastille, les klaxons et les selfies, tout cela peut sembler beau.
Mais c’est une illusion.
C’est une fête organisée par ceux qui nous gouvernent sans bulletin de vote.
Et pendant qu’à Paris, on pleure de joie, ailleurs, on pleure de faim.
À Gaza, les bombes tombent.
Les enfants crient, mais pas dans un stade. Ils crient dans les décombres.
Et nous, ici, on tape sur des casseroles pour célébrer une Coupe achetée.
Comme si cette victoire pouvait remplir les frigos vides, guérir les mal-logés, faire revenir les journalistes morts ou les exilés climatiques.
Mais non. Elle ne fait que distraire.
Les supporters, eux, dansent dans les rues comme si un miracle avait eu lieu.
Mais ce n’est pas un miracle.
C’est une opération de communication, financée par un État qui a compris que le cœur des peuples bat au rythme des buts.
Et tant que ce cœur bat pour un club devenu pays, le pays peut dormir tranquille.
Les manchots ne font que des des passes avec leur nez, sans fierté, et eux au moins ne sont pas assez cons pour faire fondre la banquise sous leurs pieds à coup de pétrodollars.

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