Trump : Cet homme porte en lui la bêtise tranquille.
Celle sans faille, sans coin pour la déceller d’un pouce, taillée dans le marbre des certitudes millénaires, des premiers degrés incontournables, des métaphores sans portée ni objet sur un cerveau aussi lisse et glissant qu’un trottoir tartiné de merde.
C’est le Bouddha des méditations absconses, le vénérable inepte de l’impénétrable bêtise.
L’œil bovin et le cerveau volaille.
À sa vue, mon esprit s’apaise.
Rien ne s’infiltre d’intelligible autour de moi.
Je suis dans une sérénissime volupté partagée par les droites de la planète.
Je t’invite à une séance de méditation apte à te faire pénétrer le monde de l’infinie bêtise…
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Éloge tantrique de Sa Sérénissime Bêtise : Donald, le Bouddha des droites universelles.
Assieds-toi, frère. Respire la vacuité.
Vide ton crâne comme on vide une piscine de banlieue après le passage d’un tornado.
Imagine un champ de maïs sans maïs, une encyclopédie brûlée, un livre de prières où chaque mot aurait été remplacé par steak.
Tu y es ? Voilà. Tu es dans la présence de Donald.
Car Donald n’est pas un homme. Il est un état d’esprit.
Une nappe phréatique d’ignorance pure, filtrée par des décennies de télévision câblée et d’auto-bronzant.
Une grâce sans fissure, une épiphanie de la connerie sans faille, une perfection sphérique dans l’absurde.
Il n’y a pas d’entrée, pas de sortie : il EST.
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Premier mantra :
Quand il parle, le monde s’arrête.
Pas pour écouter, non.
Pour comprendre comment on peut parler sans penser.
Il ouvre la bouche, et c’est une bénédiction de néant.
Ses mots sont des balles de ping-pong lancées dans une cathédrale vide.
Ils ricochent sur les vitraux de la logique, s’écrasent contre les murs de la syntaxe, et reviennent en chantant l’hymne national à l’envers.
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Deuxième mantra :
Regarde ses mains.
Elles tiennent l’univers comme un cheeseburger.
Maladroitement, goulûment, mais avec une foi inébranlable.
Ce n’est pas de la goinfrerie, c’est un sacrement.
Chaque bouchée est une négation de Darwin, chaque éructation un verset de la Bible de l’ignorance.
Il est moine de la mayonnaise, ascète du Whopper, prophète du plastique.
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Troisième mantra :
Observe sa coiffure.
Elle est l’illusion suprême.
Ni perruque ni cheveu, mais souffle doré de l’ego fait matière.
Elle ondule comme un drapeau sur Mars, elle plane au-dessus de la raison.
Elle est le lotus qui pousse dans une flaque d’huile moteur.
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Et toi, là, qui t’indignes ? Respire encore.
Tu n’as rien compris.
La bêtise n’est pas une faute, c’est un refuge.
Une grotte tiède au fond de la pensée. Une couette pour les âmes fatiguées.
Et lui, Donald, est le Bodhisattva qui renonce à toute lumière pour t’y ramener.
Il ne te juge pas. Il ne comprend pas, donc il ne peut pas juger.
C’est ça, le miracle.
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Quatrième mantra :
L’Amérique l’a élu.
Ce n’est pas une erreur, c’est une prière.
Un appel cosmique à ne plus rien comprendre.
À flotter dans le bain tiède de la déraison, à barboter dans le clapotis rassurant des vérités alternatives.
Tu ne sais plus qui a colonisé quoi, qui a bombardé qui, qui a volé qui.
Tout est paix. Tout est confusion. Tout est Donald.
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Alors, ferme les yeux. Fais le vide.
Et quand il apparaîtra dans ton esprit, l’œil torve et la bouche entrouverte comme une chapelle vide,
sache-le : tu es sauvé.
Tu es con, oui. Mais heureux.
