François Bayrou : Entre Mensonge et Vertu

Homélie politique à la louange de l’oubli sélectif.

Épître aux Béarnais incrédules, aux âmes en quête de clarté,
aux tympans encore vierges de la divine perforation bétharramique.

Mes très chers administrés, certes des beignes ont perforé des tympans d’ados déjà sourds aux injonctions du droit chemin, mais entendez ceci :
Aujourd’hui, dans la grande cathédrale républicaine où les mensonges se lavent à l’eau bénite du pouvoir, j’en appelle à votre miséricorde : écoutons avec componction le martyrologe du Très-Haut François de Béarn, dit Bayrou-le-mémorieux, qui, confronté aux cris étouffés de l’enfance suppliciée, opposa le silence viril du notable préoccupé.
N’allez pas, ô brebis naïves, confondre ignorance et prudence, ou mutisme et stratégie pastorale. Car notre Premier-Ministre, parangon de la vertu centriste, n’a jamais entendu les cris, il les pressentait. Il ne voyait point les gifles, il discernait, dans un flou éthique tout à fait conforme au brouillard pyrénéen de ses origines, les « gestes éducatifs appuyés ».
Faut-il être cruel pour exiger d’un père de famille, d’un ministre, d’un chrétien fervent, qu’il dénonce une institution où ses enfants furent catéchisés, sa femme catéchiste, et son honneur catéchumène ?! À force de croiser tous les rôles, on devient à soi-même son propre chapelet.
Et pourtant, la tentation vous guette, gens de peu de foi, de croire les journalistes, ces Judas numériques. Ne tombez pas dans le piège tendu par les scribes du malheur. Le tympan, s’il est perforé, n’est-ce pas parfois la volonté divine de mieux entendre la voix du Seigneur ? Et les sévices, s’ils furent administrés, n’étaient-ils pas, selon le dogme local, des sacrements d’autorité virile ?
N’oublions point non plus que François-le-Béarnais, en ces temps de ténèbres où les prêtres corrigeaient à coups de règle l’âme enfantine, offrait les subventions avec une charité municipale exemplaire. Certes, un million de francs coulèrent dans les fonts baptismaux de Bétharram, mais que pèse un million face au silence majestueux d’un élu qui préfère la paix des notables au tumulte des victimes ?
Il est des hommes qui font barrage à l’extrême droite. Lui fait barrage à la mémoire.
Et quand, dans un moment d’égarement ou d’inspiration vespérale, il jura par deux fois « jamais », ce ne fut point pour mentir, mais pour conjurer le réel, ce démon bruyant qui mord les chevilles des puissants.
Alors, mes très chers, bénissons cette mémoire trouée, ces tympans à l’image de notre démocratie : percés mais debout. Offrons à François Bayrou notre compassion, et prions ensemble pour que le 14 mai, devant la commission d’enquête, il nous offre un nouveau miracle : la transsubstantiation du mensonge en vertu politique.
Ainsi soit-il.

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