La sainte croisade contre le narcotrafic

Ah, la guerre à la drogue ! Sainte croisade des bien-pensants en costard, vendue comme l’arme ultime contre le crime, le fléau, la décadence ! La drogue, c’est l’ennemi, on va la traquer, la chasser, l’éradiquer, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !

Mais en enfer, justement, ce sont surtout les pauvres types qui y finissent, ceux qui n’ont pas compris que la coke sur les tables des élites ne sera jamais traquée comme le shit dans les poches des gamins de cité. Ah, malheureux ! Fallait naître du bon côté du périph, ça t’aurait évité d’être le gibier préféré des flics en manque de chiffres. Parce qu’en matière de lutte contre la drogue, on n’arrête pas les cartels, on les nourrit. On ne démantèle pas les réseaux, on les rend plus rentables. On ne protège personne, on détruit des vies, mais bon, ça, c’est la touche finale du chef.

Le ministre de l’Intérieur, les sourcils froncés et la mine grave, nous sort son numéro habituel : le pays est en danger, les mafias gangrènent la nation, il faut de la fermeté, du courage, de l’autorité. Dans la minute, c’est descente dans une cité, matraques qui pleuvent, interpellations filmées, et des gamins de 17 ans menottés pour trois pauvres grammes de weed. Bravo, mission accomplie, le crime est terrassé ! Enfin… jusqu’à demain, quand un autre prendra la place et que le business tournera encore mieux.

Et l’excuse, bien sûr, c’est toujours la sécurité. Parce que si tu oses dire qu’arrêter Kevin et son shit ne va pas exactement faire trembler les narcos mexicains, tu es immédiatement traité de traître à la patrie. Alors on empile les lois, on serre la vis, on gonfle les effectifs, et surtout, on ratisse large. Place nette ! C’est propre, c’est net, c’est efficace… du moins, à la télé.

Sauf que dans les coulisses, c’est une autre histoire. La grande majorité des enquêtes sérieuses sont désorganisées, les affaires de grand banditisme piétinent, et les flics se retrouvent à courir après les usagers plutôt qu’après les réseaux. Mais c’est pas grave ! L’important, c’est que ça se voie, que ça se sache, que ça fasse du bruit. La répression, c’est comme une bonne recette marketing : il faut que ça impressionne, quitte à ne rien résoudre.

Et pendant qu’on tape sur les mêmes, toujours les mêmes, le fric continue de couler à flots dans les circuits bien huilés. Mais chut ! Il ne faut pas parler de ces banques qui blanchissent des millions, ni des entreprises qui ferment les yeux sur les valises de billets. Il ne faut pas dire que le marché noir, c’est un business florissant précisément parce qu’il est interdit. Non, il faut faire semblant de croire que cogner plus fort réglera le problème.

Ah, et parlons-en de ces lois qui s’enchaînent, sous prétexte de lutte contre la drogue, et qui grignotent nos libertés comme un rat dans un sac de grain. Surveillance de masse, fichage en règle, écoutes sans contrôle, perquisitions à la volée… Bientôt, on pourra déclencher ton téléphone à distance pour t’espionner, et tout ça, bien sûr, pour notre sécurité. Parce qu’on nous vend ça comme un combat moral, alors que c’est juste une excuse en or pour donner plus de pouvoir aux flics et moins aux citoyens.

Et comme si ça ne suffisait pas, on rajoute une couche de misère. Ton gamin s’est fait serrer avec un joint ? Dehors, la famille ! Plus de logement social ! Va donc crever sous un pont, ça t’apprendra. Parce que tout le monde sait qu’expulser des familles, c’est la solution idéale pour lutter contre le crime organisé…

Mais alors, la solution, c’est quoi ? On pourrait regarder du côté du Portugal, qui a compris depuis 20 ans que la répression ne sert à rien et que traiter la drogue comme une question de santé publique, ça marche. Mais non, en France, on est plus malins. On préfère continuer notre politique de cow-boys ratés et s’étonner que ça empire.

La vérité, c’est que cette guerre n’a jamais été faite pour être gagnée. C’est une farce qui arrange tout le monde : les politiques qui font les durs, les flics qui remplissent leurs quotas, les médias qui ont de belles images de descentes spectaculaires… et les vrais trafiquants, qui voient leur business prospérer grâce à l’ineptie totale de cette stratégie.

Mais bon, tant que les ministres pourront se féliciter d’avoir coffré trois ados avec du shit et tant que le peuple applaudira ces exploits en regardant le JT, rien ne changera. Amen.

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