A69

Ah, Toulouse, cité des vents et des luttes, voilà que le tribunal administratif se penche sur le cas sacré du Grand Projet Inutile et Imposé, l’A69, ce ruban de bitume promis aux puissants et aux bétonneurs. Mais horreur ! Voilà qu’une rapporteure publique ose ébranler l’édifice ! Hérésie ! Blasphème ! Elle recommande l’annulation de l’autorisation environnementale, arguant que cette saignée dans le paysage ne saurait se prévaloir d’une « raison impérative d’intérêt public majeur ».

Allons bon ! Depuis quand l’intérêt public se mesure-t-il à autre chose qu’à la courbe ascendante des profits ? Depuis quand les tritons et les vieux chênes auraient leur mot à dire face aux oracles de Vinci et aux prophètes du ministère ? Ne sait-elle donc pas que les bulldozers ont un droit divin sur les terres encore vierges ? Qu’une forêt non exploitée est une hérésie économique ? Que la biodiversité est une fioriture pour rêveurs en sandales ?

Et pourtant, mes frères et sœurs du combat, il y a là une lueur d’espoir. Le 27 février, jour du grand délibéré, peut-être entendrons-nous résonner un miracle : la victoire du bon sens sur la frénésie du bitume. Peut-être, pour une fois, la justice reconnaîtra que saccager des hectares de nature au nom du sacro-saint « gain de temps » est une absurdité. Qu’il existe d’autres voies, moins destructrices, plus humaines, moins serviles devant le dogme de la vitesse et du rendement.

En attendant, les chantres du progrès bétonné prient en silence, serrent les fesses, espérant que la décision leur sera favorable, que le rouleau compresseur du « développement » reprendra son office. Mais nous, nous savons que rien n’est inéluctable. Que même face aux plus grands projets, une petite graine de résistance peut fendre le goudron.

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